Adapta, l’upcycling au service des créateurs et des marques : Rencontre avec sa fondatrice, Virginie Ducatillon

Virginie Ducatillon, fondatrice d'Adapta, la solution d'approvisionnement de matières au service des créateurs et des marques.

Fondée en 2019, Adapta est une solution de sourcing responsable ou d’upcycling. La startup déniche pour les marques et les créateurs, des cuirs et textiles haut de gamme qui dorment dans les stocks des maisons de luxe et de leurs fournisseurs.

Pour le Journal du Manager, Virginie Ducatillon se prête au jeu de questions-réponses et nous fait part de l’histoire d’Adapta.

Quelle est l’histoire d’Adapta ? Comment ce projet est-il né ?

J’ai travaillé pendant une dizaine d’années chez différentes maisons de luxe, notamment chez Hermès, Chanel et Céline. Pendant ma carrière, j’ai principalement occupé des postes en développement de produits de maroquinerie, plus précisément pour des collections de sacs en cuir. Cela m’a permis de réaliser que de très belles matières étaient inutilisées et donc entassées dans les stocks dormants ou parfois même détruits.

Suite à cette découverte, je voulais me rendre utile et donner plus de sens à mon travail, au-delà du développement de collections. Après plusieurs tentatives vaines en interne, j’ai décidé de suivre ma route. Je suis donc partie de cette problématique pour créer Adapta afin de lutter contre le gaspillage des matières et la surproduction.

Pouvez-vous présenter votre activité en quelques mots ? Quel est le business model d’Adapta ?

Adapta exerce une activité de négoce. Autrement dit, nous rachetons du stock et nous le revendons. Bien entendu, je n’ai pas inventé le métier de déstockeur, il existe depuis des années. Néanmoins, nous avons repensé le business model en nous basant sur celui de Vente Privée, que nous avons adapté aux matières premières.

Pour avoir un vrai impact en termes de volumes, nous réservons des lots de matières qui ont plusieurs centaines de mètres carrés à la couleur et qui sont susceptibles d’intéresser de plus grosses marques. Ensuite, nous réalisons des contrôles qualité, nous donnons toute la traçabilité sur ces matières et nous lançons toutes les opérations de communication et de marketing. Pendant une dizaine de jours, nous les mettons à disposition de tous nos clients dans le cadre d’une vente exclusive.

C’est seulement à la fin de cette vente exclusive que nous passons une commande ferme à la maison de luxe, un peu comme une centrale d’achat. Une fois la commande réalisée et les matières premières récupérées, nous distribuons toutes les commandes auprès de nos différents clients. Pour les grands clients comme La Redoute ou Nat & Nin, les produits passent parfois de la maison de luxe à leurs entrepôts. En ce qui concerne les plus petits clients, nous nous chargeons nous-mêmes de la distribution pour chacun d’entre-eux.

Dans quelles villes êtes-vous aujourd’hui présents ? Quels sont vos prochains territoires d’implantation ?

Physiquement, nous avons juste un showroom dans une pépinière d’entreprise à Paris dans le 20e arrondissement. Il s’agit d’un local de 80 mètres carrés qui regroupe notre petit stock pour dépanner les petits acteurs, nos bureaux ainsi que notre showroom.

Évidemment, nous sommes également présents en ligne avec un site d’e-commerce qui nous permet de vendre nos produits partout dans le monde.

Quels sont les enjeux et spécificités des entreprises sourcing comme Adapta ?

Hormis les déstockeurs classiques, toutes ces nouvelles structures qui se créent ont pour spécificité un positionnement unique sur le marché des matières cuir et textile. En effet, nous sommes des pionniers. Il faut donc avoir suffisamment d’énergie pour arriver à convaincre et accompagner le changement auprès des clients et des fournisseurs.

Du côté des fournisseurs, il s’agit de démontrer que les déstockeurs classiques n’apportent aucune réelle garantie que ce soit sur l’utilisation des matières premières ou contre la contrefaçon. Il faut surtout pouvoir guider les fournisseurs vers une vision à long terme. Quant aux clients, nous répondons à deux problématiques. Soit ils n’atteignent le volume minimum pour lancer des productions et / ou ils n’ont pas de budget aussi important que les maisons de luxe. Par conséquent, il nous faut les convaincre d’adopter un processus de collection qui corresponde à l’upcyling.

En quoi Adapta se démarque-t-elle des autres entreprises d’upcycling présentes sur le marché ?

En plus des éléments sus-cités, nous nous démarquons de bien d’autres manières. À commencer par la traçabilité, un business model innovant et un vrai accompagnement auprès de nos clients, mais également auprès de nos fournisseurs dans la gestion de leurs stocks dormants.

Où en êtes-vous dans le développement de ce projet ? Comment comptez-vous financer l’activité d’Adapta ?

Au départ, nous nous sommes autofinancés, petit à petit avec le chiffre d’affaires que nous réalisions. Plus tard, nous avons reçu l’accompagnement du Réseau Entreprendre Paris, ce qui nous a permis d’obtenir un prêt d’honneur, ainsi qu’un premier prêt auprès d’une banque. Présentement, nous sommes 5 collaborateurs au sein de l’entreprise, dont 2 associés, Marie-Anne Gauly et moi.

Nous avons énormément d’ambitions et de projets à mener. Dans ce sens, nous avons réalisé un travail de remise à plat de la stratégie pour voir comment on pouvait aller plus loin sur cette mission. Le but est de pouvoir embaucher plus de personnes et soit de faire appel à la dette pour financer l’activité, soit d’ouvrir notre capital.

Comment votre activité a-t-elle évolué face à la crise de la Covid-19 ? Avez-vous noté un changement d’habitudes chez les consommateurs ?

À compter du deuxième confinement, nous étions en B2B, ce qui nous a offert la possibilité d’ouvrir notre showroom aux entreprises. Nous nous sommes rendu compte de l’avantage d’être à Paris et de la proximité avec nos clients. Cela leur a permis d’accéder à un approvisionnement rapide et sur place.

De plus, avec la crise de l’approvisionnement et la flambée des prix des cuirs et des matières premières, l’immédiateté et l’accessibilité en termes de prix rendent notre solution davantage intéressante pour les clients. En outre, concernant les lois qui ont été mises en place et celles qui seront applicables dans le futur, Adapta devient une solution de plus en plus incontournable pour les acteurs du luxe, notamment les fournisseurs qui souhaitent aller vers une politique zéro destruction de leurs stocks dormants.

Quels sont selon vous les ingrédients du succès d’une entreprise ?

Selon mon expérience, les meilleures pratiques pour lancer son projet sont les suivantes :

  • Savoir s’ouvrir aux autres et ne pas avoir peur de se faire voler l’idée. En effet, vous êtes la seule personne capable de développer votre idée de la façon dont vous l’imaginez.
  • Savoir s’entourer de bonnes personnes.
  • Ne pas trop tarder à lancer son idée. Autrement dit, il faut prendre le temps de se préparer et étudier le marché, mais il ne faut pas hésiter à concevoir un prototype du projet afin de le tester sur le marché et l’améliorer au fur et à mesure.

Sur quoi misez-vous pour votre développement ? Comment imaginez-vous cette activité dans 5 ans ?

Dans 5 ans, nous souhaitons devenir une solution unique pour nos fournisseurs afin d’absorber l’entièreté de leurs stocks dormants, et mener à bien notre mission de lutte contre le gaspillage des matières

Aujourd’hui, nous avons 4 ans d’expertise dans le conseil de nos fournisseurs et de nos clients. Nous souhaitons aller plus loin du côté des maisons de luxe en les accompagnant dans l’inventaire et la gestion de leurs stocks dormants, y compris d’un point de vue numérique.

Nos remerciements à Virginie Ducatillon, fondatrice d’Adapta.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one

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