Swello, la plateforme made in France qui simplifie le social media management : Rencontre avec son co-fondateur et CEO, Jonathan Noble

CEO et cofondateur de Swello

Co-fondée en 2010 par Jonathan Noble, Swello est une plateforme française dédiée à la gestion des réseaux sociaux. Intuitive et facile d’utilisation, la plateforme est un outil complet qui permet, à travers ses 3 principales fonctionnalités, de simplifier la  communication digitale de nombreux utilisateurs.

Pour le Journal du Manager, Jonathan nous fait part de la genèse du projet, des solutions proposées par Swello, mais également de sa vision des réseaux sociaux en 2021.

Quelle est l’histoire de Swello ? Pourquoi avoir décidé de fonder cette entreprise en 2010 ? 

Alors que j’avais 15 ans, je tenais un blog high-tech. J’avais remarqué que lorsque je publiais un tweet à une certaine heure de la journée, il avait bien plus d’impact qu’en soirée. Je me suis renseigné afin de savoir s’il existait un outil qui permettait de programmer les tweets dans le temps. Je décide ainsi de poser la question dans un tweet, mais je ne reçois qu’une seule réponse, celle d’un développeur. Il suggère de me développer un programme afin de rendre ma demande réalisable. Ne voulant pas s’impliquer dans un projet il m’a totalement cédé ce programme. Malheureusement, à ce moment-là, je n’avais que 15 ans et je ne savais pas vraiment développer, j’avais par conséquent besoin d’un développeur. Lancelot Hardel, cofondateur de La Belle Vie et d’Ulysse, me propose à l’époque son aide sur ce projet.

Nous mettons en ligne une première version très laide de Clocktweets. Dès la première semaine, le journal l’Équipe commence à utiliser notre outil. On se dit que c’est génial, mais que nous devrions porter ce projet encore plus loin. Au bout d’un an et demi, Lancelot décide de partir vers de nouvelles aventures. J’ai donc fait vivre le projet pendant plusieurs années, jusqu’à mon DUT pour être précis. Arrivant à la fin de mes études, je commence à me questionner sur ce que je veux faire après. Continuer mes études et viser un bac + 5 ou bien m’arrêter et me lancer à 100 % dans mon projet. Je décide d’en parler à mes proches, et c’est unanimement qu’ils me disent de me lancer. Dans le pire des cas, je pouvais toujours reprendre mes études en cas d’échec.

Au même moment, Thibaud Spieser le meilleur ami de mon frère qui revenait d’un stage à Berlin, m’a proposé son aide sur Clocktweets pour quelques semaines. Finalement, cela fait maintenant 6 ans que nous sommes associés ! Lorsque Thibaud m’a rejoint, les choses sérieuses ont commencé et nous avons rejoint un accélérateur, Toulon Var Technologies (TVT). Nous passons d’une formule gratuite à un modèle Freemium avec l’arrivée d’abonnements et d’une nouvelle version de Clocktweets. Nous arrivons à recruter notre premier stagiaire développeur mobile. Malgré notre souhait de l’embaucher à la fin de son stage, nous n’avions pas les moyens pour le faire. Pour ce faire, nous avons participé à un programme qui se nomme le dispositif ARDAN ce qui nous a permis de le garder 6 mois de plus.

En parallèle, nous nous sommes rendu compte que notre projet prenait de l’ampleur et que si nous souhaitions dépasser notre concurrent il nous était indispensable d’avoir plus de moyens financiers. Via TVT nous pitchons notre projet devant des business angels. Tout se déroule bien et finalement après avoir pitché devant la région, nous levons la somme de 465 000 euros avec plusieurs acteurs : business angels, Olbia Invest, le Crédit Agricole ainsi que la région PACA : Région Sud Investissement, Créazur (fonds d’investissement du Crédit Agricole), Var Business Angels et Olbia Invest. Cette levée de fonds fut pour nous un tournant et un levier pour différents changements. Nous doublons notre effectif en passant à 6 salariés, nous changeons notre nom Clocktweets en Swello, nous améliorons la plateforme en intégrant LinkedIn, Instagram, nous ajoutons des statistiques et de la veille. Bref, tout s’est agrandi.

Avec le temps nous recrutons une septième personne. Et dernièrement, nous avons annoncé le gain d’un appel d’offres du gouvernement dans lequel nous mettons à disposition notre plateforme à l’ensemble des ministères ainsi que toutes les structures publiques.

Qu’est-ce que Swello ? Quels services proposez-vous ? 

Swello est une plateforme de productivité en 3 temps : veille, programmation, analyse.

Sur la partie veille, il est possible de faire de la curation de contenu, de recevoir des alertes lorsqu’on parle de toi sur internet. La programmation comme son nom l’indique permet de programmer sur les réseaux sociaux Twitter, Facebook, LinkedIn et Instagram. Sur notre plateforme nous permettons d’éditer les images, d’utiliser un réducteur de lien intégré et un calendrier éditorial. Ce sont quelques exemples d’outils que nous proposons. Pour finir, il y a toute la portion statistique dans laquelle sont centralisées toutes les datas liées aux posts et au compte en général. Voilà les 3 parties que nous couvrons.

Plus globalement nos points forts sont :

  • La simplicité d’utilisation de notre plateforme et son ergonomie;
  • Notre support en français et ultra réactif;
  • L’aspect sécurité que nous avons énormément amélioré. Nous faisons des audits tous les ans et nos serveurs se trouvent en France.

Lorsqu’on regarde le début du projet qui consistait uniquement à faire de la programmation de tweets, on constate que cela a grandement évolué. Aujourd’hui, nous proposons une plateforme en 3 temps et complète.

À qui vous adressez-vous ? Qui sont vos utilisateurs ? 

99 % de nos utilisateurs sont des professionnels. Sur nos 70 000 utilisateurs, 400 sont des grands comptes comme Sony Pictures Video et La Sorbonne Université. Tous ces utilisateurs ont programmé 4 millions de posts ! En grandes thématiques nous retrouvons les institutions publiques, les écoles et également les médias.

Quel est votre business model ? 

 Nous proposons des abonnements selon trois critères très simples :

  • le nombre d’utilisateurs
  • le nombre de profils sociaux
  • les fonctionnalités souhaitées

Nos abonnements commencent à 9,90 € HT et augmentent en fonction de ces trois critères. Nous proposons un forfait mensuel avec un prix classique et un abonnement annuel que nous facturons 10 mois pour 12 mois d’accès à la plateforme, nous offrons donc 2 mois. En plus des abonnements, nous proposons aussi une version gratuite, limitée en fonctionnalités, mais qui permet tout de même de programmer jusqu’à 40 posts et d’avoir un profil social par réseau social.

Qu’est-ce qui vous différencie de vos concurrents ? 

Nous avons des fonctionnalités inédites telles que notre Quality Coach. C’est un coach en live qui note les posts de A à E, en indiquant s’ils seront performants selon l’audience ciblée. Il permet de donner également les meilleures heures de publication, d’analyser le post en expliquant ce qui fonctionne bien et ce qui ne fonctionne pas.

Autres points de différenciation, j’en ai parlé plus tôt, c’est notre ergonomie et notre réactivité. Nous développons sans cesse des fonctionnalités. Nous sommes très à l’écoute des retours que nous recevons. De plus, nous offrons de nombreuses ressources avec notre blog, nos podcasts, les webinars que nous proposons sur Instagram ou TikTok. Chacun y trouve son compte, mais le but est d’apporter de la valeur aux gens. Nos concurrents créaient du contenu également, mais nous essayons de nous adapter et de nous différencier.

Vous avez annoncé récemment avoir remporté l’appel d’offres interministériel. Concrètement qu’est-ce que cela a changé pour vous ?

Remporter cet appel d’offres nous a permis de mettre en place des moyens encore plus sécurisés comme le fait d’avoir changé tous nos serveurs. De plus, annoncer que nous travaillons avec des ministères nous apporte forcément plus de notoriété. À terme, si l’ensemble des structures publiques nous rejoint, cela nous apportera plusieurs centaines d’utilisateurs et plusieurs milliers de profils sociaux supplémentaires.

En résumé, cela a un impact pour l’ensemble de nos utilisateurs, pour Swello en matière de notoriété et également du point de vue du business, car nous avons plus d’utilisateurs et de profils.

Vous êtes devenu entrepreneur très jeune. Quelles difficultés avez-vous connues lors de votre parcours entrepreneurial ? 

Dire que je n’ai pas rencontré de difficultés serait mentir, mais s’agissait-il vraiment de difficultés ? Finalement, ce sont juste de petits problèmes que tu règles et qui te font avancer. Pour moi, sans ces difficultés on ne serait pas ce qu’on est aujourd’hui. On me demande parfois si je changerais quelque chose dans mon parcours si j’en avais la possibilité. Ma réponse est non. Si j’en suis arrivé là, c’est aussi parce que j’ai fait des erreurs.

Une fois, nous avons eu une mauvaise communication. C’était lorsque nous avons basculé du modèle gratuit au modèle freemium. J’ignore pourquoi, mais nous avions mal prévenu nos utilisateurs. Forcément, ils furent surpris et certains l’ont mal pris, ce qui est totalement légitime. Nous sommes revenus en arrière et avons revu notre communication. Finalement, cela s’est très bien passé et tout s’est arrangé. Autre moment difficile, je pense à la levée de fonds qui a duré 8 mois. Ce fut long et épuisant, mais pour autant je le referais quand même.

L’importance est d’être bien entouré, autant par la famille que par les amis.

Quelle est ta vision des réseaux sociaux aujourd’hui ? Quel constat fais-tu sur leur évolution ? 

Pour moi, un réseau social permet à des individus de discuter ensemble et de partager des informations. Par exemple, je ne considère plus trop Facebook comme un réseau social. À une époque, lorsque tu mettais une mention j’aime sous un post Facebook, une grande partie de ton réseau pouvait voir ce post. Aujourd’hui c’est la même chose, sauf que le mot « Sponsorisé » est indiqué sous le post. Chaque réseau social possède son modèle économique, mais ce que je veux dire par là est que je ne retrouve plus vraiment ce côté social. Au contraire, LinkedIn qui prend de plus en plus d’ampleur te permet ces interactions que Facebook a perdues.

Pour globaliser sur tous les autres réseaux sociaux, j’ai l’impression à mon grand regret qu’ils essayent tous de se ressembler. C’est la course à ce qui fonctionne le mieux sur le marché. Finalement, je me demande si l’on ne va pas dans quelques années, se retrouver avec seulement des réseaux complètement identiques. C’est une véritable question que je me pose. Hormis cela, avec la crise sanitaire, les réseaux sociaux ont joué un rôle important, celui de garder le lien avec d’autres personnes.

Pour conclure, mon souhait est que chaque réseau social conserve son identité, même si j’ai bien conscience qu’ils veulent tous leur part du gâteau.

Quelles sont vos ambitions pour Swello ? 

Nous souhaitons bien sûr continuer à améliorer notre produit. Pour 2022, nous comptons ajouter un bloc modération qui permettra de modérer les commentaires. Swello proposera donc de la veille, de la programmation, de la modération et de l’analyse. Nous voulons également intégrer de nouveaux réseaux sociaux comme YouTube. Agrandir l’équipe est aussi un de nos souhaits. Nous espérons recruter en septembre.

Concernant le projet et la vision, nous aimerions nous étendre sur les marchés francophones comme le Canada, Monaco, la Belgique ou la Suisse. Concernant l’Asie, Swello ne supporte pas encore les réseaux sociaux utilisés par les Asiatiques, mais à l’avenir cela pourrait devenir possible.

Un conseil pour les personnes souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat ? 

Tout d’abord, il faut savoir s’entourer ! Que ce soit avec un associé ou sa famille, il est important de pouvoir parler de son projet. Je trouve personnellement que c’est une fausse bonne idée de garder pour soi un concept parce qu’il est nouveau. Au contraire pour pouvoir l’enrichir et l’améliorer il faut la partager.

Ensuite, ne pas hésiter à questionner les personnes qui sont déjà passées par l’entrepreneuriat et qui peuvent aider à parfaire ses compétences. Pour illustrer mon propos, aujourd’hui il y a sur notre blog 100 000 visites alors qu’au début nous comptions à peu près 500 visites. Notre taux de conversion n’était pas bon, alors nous avons sollicité l’aide de l’entreprise Dreem afin qu’ils nous donnent des solutions. Nous avons passé quelques minutes ensemble puis nous avons mis en place leur méthode et cela a fonctionné. Prendre le feedback est essentiel !

Pour finir, il faut se lancer ! Même dans l’échec vous aurez appris énormément de choses. Effectivement, lorsqu’on a des enfants ou qu’on a un crédit à rembourser, c’est plus difficile. Toutefois, la France est un pays très chouette pour entreprendre. Il existe de nombreuses aides qui accompagnent humainement et financièrement lors du processus de création d’entreprise.

 

Nos remerciements à Jonathan Noble, cofondateur & CEO de Swello.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one.

Carte-Justificatif