Charles Égly, Younited Credit : « Les Fintech françaises peuvent devenir leaders en Europe. »

manager.one a rencontré Charles Égly, le co-fondateur de Younited Credit. Première plateforme en ligne de crédit aux particuliers d’Europe Continentale jouissant du statut d’établissement de crédit, cette Fintech entend transformer le système bancaire pour le rendre plus juste et plus transparent.

Nous avons interrogé Charles Égly sur la place des Fintech face à l’évolution du marché et du cadre réglementaire. Il nous livre aujourd’hui une analyse fine et pertinente des grands enjeux de la décennie pour le secteur bancaire.

Bonjour Charles, et merci d’avoir répondu favorablement à notre invitation. Pouvez-vous rappeler à nos lecteurs l’histoire de votre projet, de Prêt d’Union à Younited Credit ?

Le projet Prêt d’Union part d’une expérience vécue qui remonte à 2008. Cette année-là, je prends rendez-vous dans ma banque pour souscrire un crédit à la consommation afin de payer mes impôts.

À cette époque, je travaillais depuis déjà 7 ans dans le secteur bancaire et j’avais donc une bonne connaissance de ce type de produits. Mais je me rends compte, quelques mois plus tard, que j’avais souscrit, à mon insu, un crédit renouvelable avec un taux énorme de 14%. En parallèle, mon épargne placée chez cette même banque ne me rapportait que 3% par an.

De là, le projet était né avec cette volonté de rendre d’un côté : le crédit à la consommation plus rapide, plus simple et moins cher. Et de l’autre : l’épargne plus utile et plus rémunératrice.

À quels obstacles sont confrontées les Fintech françaises au lancement de leur activité ?

Chaque Fintech a son lot d’obstacles au moment de son lancement.

Par exemple, dans le cas de Younited Credit, le principal obstacle à surmonter était l’obtention de l’agrément d’établissement de crédit délivré par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Ce régulateur n’en avait d’ailleurs pas délivré à de nouveaux acteurs depuis 15 ans ! Il nous a fallu deux ans pour l’obtenir : sans cet agrément, nous n’aurions jamais pu octroyer de crédits !

Au départ, beaucoup pensaient que c’était un peu fou de créer un nouvel établissement de crédit. 10 ans après, nous leur montrons que c’était bel et bien possible.

Comment le crédit a-t-il évolué ces dernières décennies ?

En France, la croissance du crédit à la consommation a progressé ces dernières années. On observe également une simplification de la demande, avec des parcours désormais 100% en ligne : fini l’époque où il fallait obligatoirement prendre un rendez-vous chez son banquier.

En parallèle, la rapidité a été un axe de développement majeur, et notamment chez Younited Credit.

Nous avons été les premiers à pouvoir apporter une réponse en 24h aux demandes de financement, à proposer la signature électronique à 100% de nos clients, ou encore à mettre en place la connexion sécurisée au compte bancaire – rendue possible grâce à la DSP2 – afin de simplifier encore plus la demande de crédit.

Qu’est-ce qui a poussé les particuliers et professionnels à se tourner vers le crowdfunding ?

Notre produit d’investissement, réservé aux investisseurs professionnels (banques, compagnies d’assurance, sociétés de gestion, family offices, etc.), permet d’investir dans l’économie réelle !

Avec des rendements plus attractifs que des produits financiers classiques, nos investisseurs professionnels peuvent directement financer les projets des ménages européens.

Chaque mois, les intérêts remboursés par ces derniers sont reversés aux investisseurs. En somme, notre plateforme permet une meilleure circulation des flux financiers entre les emprunteurs et les investisseurs.

Vous avez participé, en novembre dernier, au Singapour Fintech Festival. Quel accueil avez-vous obtenu ? Comment percevez-vous la place des Fintech françaises à l’étranger ?

Le Singapour Fintech Festival constitue les premiers pas de Younited Credit en Asie ! Nous y avons reçu un super accueil, une belle visibilité et l’opportunité de rencontrer beaucoup d’acteurs.

Nous n’envisageons pas forcément de développer notre activité B2C dans cette région, mais nous pourrions mettre à disposition des banques asiatiques nos solutions B2B et notre savoir-faire technologique !

La France n’est pas nécessairement en retard, mais elle doit maintenir ses efforts de développement pour exister au sein de la Fintech internationale.

Est-il difficile pour une fintech de s’exporter à l’étranger, même en Europe ? À quels obstacles peut-elle être confrontée ?

Notre agrément d’établissement de crédit est « passportable » dans l’ensemble de l’Union Européenne et nous permet de lancer facilement de nouveaux pays. Grâce à cet agrément, nous avons pu lancer l’Italie, l’Espagne, le Portugal et depuis peu l’Allemagne !

Vous avez noué des partenariats avec diverses fintech, telles que N26. Pourquoi un tel choix ? La coopération entre fintech est-elle nécessaire pour mieux se développer ?

Les Fintech avec lesquelles nous avons noué des partenariats partagent le même ADN et la même vision que nous sur le futur du secteur financier et sur la nécessité de révolutionner le paysage bancaire. Leur agilité permet d’ailleurs d’être beaucoup plus efficace au moment de mettre en place un partenariat.

L’exemple de notre association avec N26 est très parlant : il ne nous a fallu que quelques mois pour pouvoir proposer, aux utilisateurs français de N26, la souscription d’un prêt à la consommation directement depuis leur application, avec une signature électronique, une réponse en 24h, pour financer leurs projets. Ceci nous a vraiment permis de montrer tout notre savoir-faire technologique.

Nous avons également noué des partenariats avec d’autres acteurs tels que Bpifrance, pour leur offre de Flash Prêt aux TPEs, Iliad-Free, pour le financement de la Freebox Delta ou encore Conte – Admiral, leader des assurances en Italie. Ces acteurs bénéficient de nos technologies propriétaires et proposent à leurs clients une solution de financement simple et rapide, sans jamais avoir besoin d’être agréé.

Quels sont les objectifs de Younited Credit pour les prochaines années ?

Les objectifs de Younited Credit s’articulent autour des 3P : produit, pays et partenariats !

Nous allons continuer à améliorer notre produit et nos technologies d’analyse crédit pour permettre la souscription en ligne la plus simple du marché et une réponse ultra-rapide aux demandes de financement.

Nous souhaitons poursuivre notre expansion internationale en lançant notre activité dans de nouveaux pays : d’abord en Europe, puis pourquoi pas sur un nouveau continent.

Et enfin, nous voulons développer plus encore notre activité B2B Younited Business Solutions en nouant de nouveaux partenariats avec des banques, assureurs, opérateurs mobiles, e-commerçants qui souhaitent lancer leur propre activité de crédit !

Souhaitez-vous développer d’autres types de crédits ?

Ce n’est pas exclu, même si le crédit immobilier ou le crédit professionnel sont des produits très différents du crédit à la consommation.

Comment voyez-vous l’activité de Younited Credit dans 10 ou 20 ans ? Le monde du crédit et du crowdfunding est-il amené à changer ?

Dans les prochaines années, l’objectif est de faire Younited Credit le N°1 du crédit aux particuliers en Europe et de devenir la référence sur les solutions de financement aux particuliers.

Quel avenir, selon vous, pour les Fintech françaises ? Seront-elles concurrencées, voire rachetées par des acteurs internationaux ?

Les Fintech françaises peuvent réellement devenir leaders en Europe. Mais à condition qu’elles puissent continuer à lever des montants significatifs de capital car révolutionner le système financier est capital-intensive.

 

Nos remerciements à Charles Égly, co-fondateur de Younited Credit. 

Propos rapportés par l’équipe de manager.one.

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