Cognitive Design Systems, l’éditeur de logiciels de conception : Rencontre avec son CTO Henri de Charnacé

Cognitive design systems : Rencontre avec son CTO Henri de Charancé

Fondée en 2021, Cognitive Design Systems se distingue en tant qu’éditeur de logiciels de conception dédié à la création et à l’optimisation de la fabrication de pièces spécifiques.

Pour le Journal du Manager, Henri de Charnacé, CTO de Cognitive Design Systems nous explique les enjeux de la conception des pièces.

Qu’est-ce que l’entreprise Cognitive Design Systems ?

Cognitive Design Systems est un éditeur de logiciels spécialisé dans la création de logiciels de conception. Afin de réduire le coût des pièces, nous visons à optimiser la fabrication des composants tels que les pièces d’avion, les pièces de voiture, ect. Notamment l’usinage, le moulage et en particulier l’impression 3D, processus sur lequel nous sommes actuellement focalisés.

Comment fonctionne ce système ?

L’entreprise dispose de deux piliers technologiques majeurs. Le premier pilier concerne l’analyse, permettant de déterminer automatiquement le coût, les éventuels problèmes de fabrication et l’empreinte carbone associée à l’intégration d’une pièce ou d’un modèle 3D.

Le second pilier se concentre sur la modélisation des pièces. En effet, les problèmes identifiés sont automatiquement ajustés à l’aide d’un moteur géométrique que nous développons.

Travaillez-vous avec des développeurs et des ingénieurs ? Sont-ils spécialisés ?

En effet, nous avons une équipe constituée à moitié d’ingénieurs et à moitié de développeurs. Nous cherchons des profils hybrides et travaillons avec ces deux corps de métiers. Cependant il est intéressant de noter que certains de nos ingénieurs possèdent des connaissances dans le développement et vice-versa.

Il est essentiel que nos développeurs aient conscience du fonctionnement concret du processus de fabrication compte tenu de l’implication dans le domaine opérationnel. Il y a en effet une collaboration importante entre les profils de niveaux d’études qui viennent d’horizons différents.

Quelle est la place de vos ingénieurs par rapport à l’IA et comment travaillent-ils avec ?

Pour commencer, nous utilisons l’intelligence artificielle dans les deux piliers cités précédemment : l’analyse et la conception.

Il y a un gros enjeu car en utilisant l’IA nous pouvons accélérer certaines tâches chronophages comme le coût d’une pièce par exemple. Ce processus implique plusieurs étapes telles que l’intégration dans un logiciel, la compréhension de son mode de fabrication en impression 3D. En effet, pour une seule pièce cela peut durer jusqu’à une matinée. Nous utilisons alors l’IA pour automatiser ce procédé.

Pour la petite anecdote, la partie analyse a émergé dans mon ancien métier. Actuellement je suis Directeur Technique issu d’un parcours en tant qu’ingénieur conception au Japon. La mission consiste à faire de la conception pour l’impression 3D des pièces.

Lorsque je concevais des pièces pour l’impression 3D, j’échangeais avec le département chargé de la production. Cependant, il y avait souvent des problèmes car lorsque je créais la pièce je ne pensais pas forcément à tout ce qui allait se passer durant la production. Cela engendrait quelques difficultés au niveau de l’équipe conception et production. Par conséquent, pour connecter les deux services j’ai créé ce procédé au Japon que nous avons ensuite développé en France via Cognitive Design Systems.

Quels sont les types de pièces que vous concevez ?

Il s’agit de composants aux enjeux significatifs, particulièrement dans des domaines tels que l’aéronautique, le spatial et la défense. Ces pièces ne sont pas nécessairement produites en grande quantité, mais leur performance doit être exceptionnellement élevée. Par exemple, dans le cas d’une pièce d’avion, une réduction de son poids contribue à minimiser les coûts de carburant pendant le vol.

Nous sommes spécialisés dans la conception de pièces hautes performances adaptées à ces procédés spécifiques. Si l’optimisation du poids des pièces est une pratique courante chez d’autres entreprises, nous, nous distinguons dans l’optimisation des coûts et la réduction de l’empreinte carbone des pièces. Grâce aux algorithmes d’IA, nous parvenons à agir sur cet aspect et à minimiser l’impact environnemental.

Étant basés à Toulouse, pourquoi choisissez-vous de communiquer en anglais ?

En effet, le domaine de la conception est international. De plus, historiquement nous avons de nombreux clients au Japon où j’étais initialement basé. En raison de notre clientèle existante au Japon, nous avons adopté l’anglais comme langue de communication. Ainsi, notre objectif est de cibler le marché européen, américain et asiatique.

Comment voyez-vous l’avenir de Cognitive Design Systems dans 10 ans ?

Ainsi, je pense que nous serons amenés à grossir en collaborant avec des éventuels éditeurs de logiciels dont les compétences seraient complémentaires aux nôtres. En outre, je pense que la mission de l’entreprise est de démocratiser la conception de produits et de la rendre plus simple et accessible via l’IA.

Qu’est-ce qu’un CTO ?

Le métier de chief technical officer signifie Directeur technique en français. En tant que responsable du développement et de la recherche de l’entreprise, je suis chargé de définir les objectifs relatifs à la typologie de clients que nous visons, ainsi que de concevoir les moyens nécessaires pour les atteindre.

Nous développons des solutions innovantes pour améliorer la performance des pièces, alignées sur les objectifs de l’entreprise. En outre, je suis également sur le terrain pour communiquer avec les clients car comprendre leur besoin est important. Mon expérience précédente consistait à travailler directement dans l’application. En revanche, à présent je crée le logiciel qui automatise mon ancienne profession. Ainsi, je connais très bien les enjeux de la conception 3D.

Pouvez-vous nous partager des histoires inspirantes sur l’innovation au sein de votre entreprise ?

Chez Cognitive Design Systems, nous utilisons en interne les logiciels que nous développons. Cela signifie que l’on peut directement les tester sur le terrain. En fin de compte, nous sommes les premiers utilisateurs. Par ailleurs, par rapport à mon expérience au Japon, je travaille actuellement avec des acteurs de l’industrie automobile comme Toyota et Nissan.

Ce qui était particulièrement intéressant, c’est qu’au Japon, ils semblent perdre en compétences au fil du temps car les nouveaux ingénieurs ont tendance à reproduire et améliorer légèrement le travail de leurs prédécesseurs. En revanche, les travailleurs accomplissent cette tâche sans toujours comprendre et parfois oublier la raison derrière la conception originale de la pièce et son fonctionnement. Le fait que nous puissions consolider ces connaissances dans un logiciel grâce à l’IA pourrait être la solution à ce problème.

Là-bas en particulier, il existe un réel problème de sauvegarde du savoir et de l’expérience. Ce problème est moins fréquent en France. En effet, les Français adoptent généralement une approche plus théorique, ce qui est moins observé en Asie.

Si Cognitive Design Systems était un super-héros, quel serait son super-pouvoir et pourquoi ?

Son super-pouvoir résiderait dans la capacité à fournir des outils à des individus pas nécessairement qualifiés. Ceci élimine ainsi le besoin d’avoir suivi une école d’ingénieure pour réaliser des tâches complexes en matière de conception.

Nos remerciements à Henri de Charnace, CTO de Cognitive Design Systems. Propos rapportés par l’équipe de manager.one

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