Bump, le moteur de la transition vers une mobilité électrique : Rencontre avec son fondateur et CEO, François Oudot

François Oudot, cofondateur et CEO de Bump : le moteur de la transition vers une mobilité électrique.

Fondée en 2020, Bump est une startup qui déploie des bornes de recharge, clé en main et sans financement. Engagée dans la transition vers l’électrique, l’entreprise décarbone les villes en apportant des solutions de recharge rapide aux professionnels.

Pour le Journal du Manager, François Oudot accepte de se confier sur l’histoire du garant de la transition électrique et ses ambitions pour ce dernier.

Quelle est l’histoire de Bump ? Comment vous est venue l’idée de ce projet ?

Pour la petite histoire, j’ai fait l’essentiel de ma carrière dans des startups qui ont grandi très vite. C’est le cas de SIGFOX et Alan où l’on travaillait sur de gros projets Scale-up. Il y avait une quarantaine de personnes à mon arrivée pour un total respectif de 600 et 300 collaborateurs à mon départ.

Puis il y a deux ans, mon fils est né. Il faut savoir que j’ai toujours été intéressé par les sujets liés au développement durable. J’ai donc consacré six mois à essayer de comprendre quel était le problème. Je me suis rendu compte qu’il y en a beaucoup, mais l’un d’entre eux m’a marqué, c’est la mobilité.

Aujourd’hui, la mobilité représente 32 % des émissions de gaz à effet de serre et nous devons le réduire à hauteur de 92 % d’ici 2050 afin de maintenir les 1,5°C de réchauffement climatique. Le meilleur moyen d’y arriver est d’utiliser ses jambes comme je le dis souvent. Autrement dit, préférer la marche, le vélo, les transports en commun à l’utilisation des véhicules thermiques. C’est de là que m’est venue l’idée de Bump.

Pouvez-vous présenter votre activité en quelques mots ? Comment les consommateurs peuvent-ils bénéficier des services de Bump ?

Bump est un acteur de la mobilité responsable. Notre mission est d’éliminer les émissions de CO2 de la mobilité des professionnels. Pour y arriver, nous facilitons l’accès à une infrastructure de recharge sur les sites professionnels. À cela s’ajoutent la fourniture de solutions adaptées aux besoins des professionnels et l’accompagnement des entreprises dans le financement de cette transition.

Quel est le business model de Bump ? Qui sont vos clients ?

Nous nous adressons principalement aux cœurs de ville, sur deux marchés distincts avec la même offre. Notre activité consiste à déployer des bornes de recharge sans financement, clé en main. Cela signifie que nous nous occupons de tout, des travaux à la mise en service puis la maintenance. Ensuite, nous nous rémunérons aux kilowattheures consommés sur les bornes. L’expérience est similaire à celle du pétrole.

Comme je le disais plus tôt, nous appliquons ce business model sur deux marchés. D’un côté, les établissements recevant du public, notamment les supermarchés, les hôtels, etc. D’un autre côté, il y a les entreprises comme Europcar, Startservice, Topchrono, etc., et les foncières tertiaires telles que Prologis, Mileway, AB SAGAX ou Segro.

Comment accompagnez-vous vos clients dans leur transition vers l’électrique ? Quelles sont les différentes étapes ?

Avant tout, il est important de bien comprendre le processus opérationnel de nos clients. Tout en gardant en tête la règle d’or : « plus vous rechargez lentement, moins ce sera cher et mieux vous préservez la santé de la batterie ».

La première réflexion sera de déterminer le temps le plus long sur lequel on peut recharger sans impacter les opérations. Par exemple, un transport du dernier kilomètre qui fait des livraisons pour Amazon peut se recharger la nuit, il a donc 8 heures de charge possibles. Dans ce cas-là, on privilégie la recharge lente. On a également des clients qui font également de la livraison du dernier kilomètre, mais qui réalisent deux tournées par jours. Dans ce cas, il y a une tournée sur laquelle vous pouvez utiliser la recharge lente et une autre qui nécessite la recharge rapide. Du coup, on installe des bornes de recharge intégrées.

Pour moi, c’est ce qui fait la différenciation clé de Bump. Notre business model basé sur les kilowattheures consommés sur les bornes permet d’aligner les intérêts. Lorsque le travail de conseil est bien fait, que les bornes fonctionnent correctement et que le client est satisfait, nous gagnons plus d’argent, car les clients consomment plus. Dans le cas contraire, nous perdons de l’argent, car c’est nous qui finançons les bornes.

Quels sont les enjeux des marques qui, comme Bump, sont engagés dans le secteur de l’écomobilité ?

Le secteur de l’écomobilité est un marché en très forte croissance, qui est parfois spéculatif. Les enjeux, c’est de garder la tête froide et de s’assurer que l’infrastructure déployée générera du revenu, celle-ci étant autofinancée. Je pense que d’ici trois ans, il y a de nombreuses entreprises qui mourront pour cause de mauvais choix financiers. Par ailleurs, l’autre enjeu est de garder son excellence opérationnel, ce qui n’est pas évident.

En quoi Bump se démarque-t-elle des autres entreprises présentes sur le marché de la recharge ?

Comme indiqué plutôt, la première force de Bump est son business model. La seconde force est la qualité de service. Historiquement, nous travaillons avec des professionnels qui ont des besoins très exigeants en termes de qualité de service. Nous avons donc sélectionné des bornes et développé toute une gamme d’outils de service afin de fournir une qualité de service irréprochable. Pour vous donner quelques chiffres, aujourd’hui en taux de disponibilité, nous sommes à 96 % contre 75 % pour le réseau public.

Le dernier point fort de Bump est l’adaptabilité. Le premier aspect de cette adaptabilité concerne la technique. Pour mieux comprendre, il suffit de prendre pour exemple le déploiement de bornes de recharge dans un parking souterrain à Paris. Les contraintes de sécurité et de puissance rendent cette action extrêmement plus compliquée qu’un déploiement dans un parking Auchan. L’autre aspect de l’adaptabilité concerne le business model. Il consiste à l’adapter de telle sorte qu’il répond aux besoins du client.

Pour moi, la transition énergétique a besoin d’innovation de business model et non d’innovation technologique. C’est notre conviction et c’est ce que j’encourage les entrepreneurs à faire.

Vous avez annoncé une levée de 180 millions d’euros en septembre 2022. À quoi ce montant servira-t-il ? Où en êtes-vous dans le développement de ce projet ?

Ces 180 millions d’euros serviront à trois choses. Pour commencer, il y a le financement de 25 000 points de charge d’ici 2030.

Puis vient le renforcement des équipes à tout point de vue. Que ce soit pour le développement, pour la Tech ou les opérations. Aujourd’hui, nous sommes une cinquantaine et nous souhaitons doubler nos effectifs d’ici 12 mois.

Ensuite, nous continuerons à innover en termes de R&D. Cela revient à accompagner, développer des outils logiciels pour à la fois être encore meilleur en qualité de service et également accompagner les flottes à passer à l’électromobilité.

Enfin, le dernier volet concerne l’extension européenne de Bump. Nous comptons étendre notre activité dans d’autres pays, mais pour le moment nous ne l’avons pas encore annoncé.

Aviez-vous toujours rêvé de devenir entrepreneur ? Quelles difficultés avez-vous connues lors de votre parcours entrepreneurial ?

Disons que je suis tombé dans l’entrepreneuriat par hasard, en rejoignant les startups. Par conséquent, une fois que vous intégrez une startup et que vous contribuez à faire grandir plusieurs entreprises, vous pensez en être capable vous aussi. Pour moi, ce n’était pas tant le fait de devenir entrepreneur qui était important, mais plutôt de me dire que je travaille sur un projet ou que j’ai un impact sur ce que j’estime être le plus gros problème de cette planète. De plus, il n’y avait pas de startup lorsque je me suis lancé, le marché n’était constitué que de grands groupes.

Pour ce qui est des difficultés, j’utiliserais plutôt le terme « challenge ». En effet, il y a énormément de challenge, ce n’était pas particulièrement difficile de les relever, car je les avais déjà vécus dans mes précédentes expériences. Pas que monter une entreprise n’est pas une tâche difficile, mais ça l’est moins lorsque tu as déjà une bonne expérience.

Comment imaginez-vous cette activité dans 5 ans ? Sur quoi misez-vous pour votre développement ?

Dans 5 ans, je vois Bump comme le leader de son marché. Je pense que cela passera par du développement organique et aussi par la croissance externe. Il y a une phase de consolidation du marché qui va avoir lieu, c’est certain.

Nos remerciements à François Oudot, Président et fondateur de Bump.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one

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