Goodvest, la FinTech des investisseurs responsables : Rencontre avec son CEO et cofondateur, Joseph Choueifaty

À gauche, Joseph Choueifaty, CEO et cofondateur de Goodvest, la FinTech des investisseurs responsables.

Fondée en 2020, Goodvest est une FinTech qui propose une solution d’investissement engagée pour l’environnement. Elle a pour mission de rendre l’épargne et l’investissement responsable accessible à toutes et à tous. 

Pour le Journal du Manager, Joseph Choueifaty, revient sur la Genèse de la FinTech des investisseurs responsables.

Pouvez-vous revenir sur votre parcours professionnel et entrepreneurial ? Quelles sont les grandes étapes ?  

Titulaire d’un Bac S, j’ai poursuivi mon parcours à l’École Hôtelière de Lausanne (EHL), en Suisse. Après quoi, j’ai fait le master X-HEC entrepreneur. L’objectif de ce master était de créer sa société, ce qui m’a poussé à travailler sur de nombreux projets dont Goodvest que j’ai cofondé avec mon associé Antoine Bénéteau à l’issue de ma formation.

Quelle est l’histoire de Goodvest ? Comment ce projet est-il né ?

Selon moi, ma génération se devait d’avoir un travail qui ne détruise pas la planète ou, dans le meilleur des cas, d’avoir un travail engagé. De ce fait, pendant mon master j’ai toujours travaillé sur des projets engagés pour l’environnement, notamment dans l’hôtellerie, la mode, et enfin dans la finance.

Tout est parti d’un constat. Je me suis rendu compte que l’épargne était très carbonée, massivement investie dans les énergies fossiles et très peu transparente. Ajouté à cela, il n’y avait pas vraiment de solution d’investissement sur le marché qui excluait les énergies fossiles ou qui était alignée sur l’accord de Paris. J’ai donc eu l’idée de créer une solution d’investissement digitale, simple, engagée pour l’environnement et transparente. C’est ainsi que Goodvest est né.

Pouvez-vous présenter votre activité et votre concept ? Comment Goodvest aide-t-il les consommateurs à fructifier leur épargne, tout en contribuant à la transition écologique ? 

Aujourd’hui, l’épargne des Français est investie dans des projets et des entreprises qui ne correspondent pas forcément à leurs valeurs. Elle va par exemple financer les énergies fossiles ou d’autres secteurs néfastes. On estime que l’empreinte carbone moyenne de l’épargne d’un Français équivaut à onze tonnes de CO2, soit 10 vols Paris — New York. Par conséquent, notre épargne produit plus que notre consommation annuelle, ce qui est problématique. Le deuxième problème, étroitement lié au premier, est le manque de transparence. La plupart des Français ignorent ce que leur épargne finance. Les offres ne sont pas transparentes, les fonds d’investissement sont assez opaques et les clients sont souvent infantilisés par leur conseiller dans les banques classiques. Ils ne se préoccupent donc pas de ces questions.

Chez Goodvest, nous proposons la première solution d’épargne engagée pour l’environnement, alignée sur l’accord de Paris et qui ne finance pas les énergies fossiles. De ce fait, nous réalisons un vrai travail d’analyse autour des projets d’entreprise dans lesquels nous investissons. Cela afin d’exclure les secteurs peu éthiques (énergies fossiles, armement, tabac, divertissements pour adultes, etc.) ainsi que les entreprises qui violent le pacte des Nations Unies.

De plus, nous avons noué un partenariat avec Carbone4 finances pour analyser l’empreinte carbone des entreprises sur les trois scopes d’émissions de CO2. Il existe d’autres filtres pour sélectionner les fonds dans lesquels nous investissons. Notamment, la politique de vote au sein des assemblées générales des actionnaires pour essayer d’orienter la stratégie des sociétés dans lesquelles nous investissons. Tout cela nous permet de construire des portefeuilles d’épargnes sur mesure qui correspondent aux projets des clients et qui respectent leurs valeurs et l’environnement en toute transparence.

L’activité de Goodvest a-t-elle connu des changements significatifs ces dernières années ? La crise de la Covid-19 a-t-elle eu une quelconque influence ?

Goodvest a été créé en fin 2020, pendant la période post-covid. Étant une solution d’épargne en ligne, nous avons profité de l’essor de la digitalisation des épargnes. On peut dire que la crise sanitaire a été bénéfique pour nous.

Quels ont été selon vous les facteurs clés du succès de votre entreprise ? Comment expliquer cette croissance rapide ?

Je pense que ce succès est dû au projet qui est assez innovant et engagé. Nous sommes la seule solution d’épargne sur le marché qui respecte vraiment le climat. Cela s’observe à travers notre alignement sur l’accord de Paris, l’exclusion des énergies fossiles et notre transparence sur l’empreinte carbone. C’est cette innovation qui fait que Goodvest se démarque et qui lui a permis d’être là où elle est aujourd’hui.

Où en êtes-vous dans le développement de ce projet ? Pensez-vous concevoir de nouveaux produits d’épargnes ? 

Cela fait un an que nous avons lancé notre offre. Aujourd’hui, Goodvest a quasiment 2000 clients et gère 15 millions d’euros. Nous avons eu le meilleur démarrage pour un contrat d’assurance vie distribué sur internet.

Par ailleurs, nous allons lancer un nouveau produit dans les semaines qui viennent : Goodvest Kids. C’est une solution d’épargne et d’investissement proposée aux parents à l’attention des enfants, afin de protéger leur capital contre l’inflation et préserver la planète.

Notre vision long terme est de devenir la plateforme d’investissement responsable de référence pour les particuliers. Nous allons donc diversifier l’offre et proposer tous les produits d’épargne et d’investissement.

Envisagez-vous un déploiement de votre activité à l’international ? Quels territoires souhaitez-vous à présent conquérir ?

Sur le moyen et le long terme, oui. Nous envisageons de déployer notre activité au sein de l’Union européenne. Pour ce qui est des pays visés, nous déciderons une fois notre étude de marché réalisée. Mais il est certain que cela se fera en Europe.

Aviez-vous toujours rêvé de devenir entrepreneur ? Quelles difficultés avez-vous connues lors de votre parcours entrepreneurial ?

Oui, j’en ai toujours rêvé sans le savoir. Quand j’étais petit, je voulais devenir réalisateur de cinéma, directeur de Parc d’attractions, puis organisateur de soirée, etc. Le point commun entre tous ces métiers était le fait de créer sa société. J’ignorais que c’était de l’entrepreneuriat, je m’en suis rendu compte bien plus tard quand j’ai intégré mon master. Mais j’ai toujours voulu créer ma société.

Comme tout entrepreneur, notre parcours a connu des imprévus. Pour donner des exemples, on a été planté par un fonds d’investissement il y a maintenant un an. Ce dernier devait investir chez nous une somme conséquente et s’est ravisé juste avant d’effectuer le virement. Aujourd’hui, nous travaillons avec Generali, mais bien avant cette collaboration, nous étions en contact avec un autre assureur avec qui nous discutions énormément, mais qui a finalement décidé de ne pas travailler avec nous.

Nous avons fait face à de nombreuses difficultés, mais rien d’insurmontable.

Quelles sont vos ambitions pour Goodvest ? Comment imaginez-vous cette activité dans 5 ans ?

Dans 5 ans, notre ambition est de devenir le leader de l’investissement responsable. La bonne nouvelle est que nous avons un temps d’avance, car nous faisons partie des rares acteurs qui s’occupent de ce segment sur ce marché. L’objectif est donc d’asseoir notre leadership en nouant des partenariats ; de dépasser le milliard sous gestion ; d’approcher les 100 000 clients et de lancer un deuxième pays.

Auriez-vous des conseils à donner aux lecteurs du Journal du Manager souhaitant se lancer dans l’entrepreneuriat ? 

Je vois beaucoup d’entrepreneurs qui souhaitent créer leurs entreprises, mais qui tournent autour du pot avant de se lancer. Le conseil que je peux donner, c’est qu’il faut se lancer tout simplement. Et il faut le faire assez vite, avant que la concurrence n’arrive.

 

Nos remerciements à Joseph Choueifaty, CEO et cofondateur de Goodvest.
Propos rapportés par l’équipe de manager.one

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